Qui de femme honnête est séparé d’un don divin est privé.

La femme, c’est le bonheur

Qui de femme honnête est séparé d’un don divin est privé.

(Quitard, 1868: 6)

Quien no tiene mujer, cada día la mata; mas quien la tiene, bien la guarda.

(De Barros, 1945: 190)

O que non ten muller, ben a quixera ter.

Le proverbe prévient sur les conséquences négatives que supposerait le fait d’être séparé d’une « honnête femme », car sa présence est comparée à celle de la divinité.

OLe proverbe français pourrait dériver de « Disciplina illius datum Dei est. » (Ecclésiaste: XXVI, 17), parce qu’on sous-entend qu’une « honnête femme » est comme un don divin, dès lors qu’elle peut nous donner de sages conseils, nous apporter de la paix et du bonheur, nous porter secours etc … ; c’est une bienfaitrice dans toutes les circonstances de la vie et c’est donc le plus grand trésor qu’on ne puisse avoir « procul et de ultimis finibus pretium ejus. »(Proverbios : XXXI, 10).

Le proverbe a la particularité de présenter la conséquence de manière négative, alors que l’inverse est beaucoup plus courant. Il présente une structure bimembre de phrase complexe ayant comme sujet une subordonnée relative, structure très habituelle dans les phrases sentencieuses. Le rythme est marqué par un oxyton en [é]. On constate également une possible allitération dans « d’un don divin ».

Il n’existe pas une réelle équivalence entre les proverbes, si ce n’est que tous deux soulignent les bienfaits de compter sur la compagnie d’une femme. Toutefois, alors que le français met en garde sur les conséquences négatives d’être séparé de sa magnificence, l’espagnol dénonce de manière narquoise que ce sont ceux qui n’ont pas de femme, qui en disent du mal, alors que ceux qui en ont une, se dévouent à elle.

Cet apparent mépris envers les femmes est provoqué par le fait de ne pas avoir de compagne et comme preuve de faux orgueil. Le proverbe espagnol démasque la fausseté de ceux qui injurient les femmes en nous dévoilant qu’ils le font par envie et par jalousie, car ceux qui ont une épouse se prodiguent à la maintenir auprès d’eux.

La phrase se construit au moyen de deux propositions complexes ayant toutes deux pour sujet une subordonnée relative et qui opposent les deux profils d’hommes.

Nous n’avons qu’une équivalence approximative entre les proverbes. En effet, l’espagnol et le galicien se rapportent à la condition générale de ne pas avoir d’épouse avec « no tiene mujer » et « non ter muller », alors que le français fait allusion aux néfastes conséquences qui découlent de l’avoir perdue. En outre, alors que l’espagnol se présente comme une dénonciation, le galicien apparaît comme une plainte, et le français rassemble davantage à une prémonition, de par son caractère alarmiste si on le perçoit d’un point de vue religieux, étant donné qu’il présuppose la privation d’une contribution divine.

Ce proverbe reconnaît que tous les hommes voudraient bien avoir une épouse, une compagne pour la vie, indépendamment du fait qu’il n’y a aucun message moralisant, ou de caractère religieux, qui défende une relation stable.

Comme dans bon nombre de proverbes, nous avons ici une structure bimembre pour une phrase complexe ayant pour sujet une subordonnée relative. Le proverbe est construit au moyen de deux hexasyllabes avec une rime en –er.