La critique est aisée, l’art est difficile.

Practiquer la compréhension

La critique est aisée, l’art est difficile.

(Dournon, 1986 :106), (Desalmand et Stalloni, 2011 :14)

La crítica es fácil y el arte difícil.

É máis fácil criticar que realizar.

Que celui qui n’a pas traversé ne se moque pas de celui qui s’est noyé.

(Jouffa et Pouhier, 2014 : 108)

Máis fácil é falar que traballar.

(Conde Tarrío, 2001)

De tous temps les artistes se sont plaints que leurs œuvres fussent souvent critiquées sans connaissance de cause. Or, si à l’origine cette parémie faisait allusion à la création de l’art proprement dit, il n’empêche qu’aujourd’hui son sens s’est élargi et peut s’appliquer aux critiques réalisées à la légère, sans qu’on dispose des notions, ni de la sagacité nécessaire à leur jugement. Il vient dans ce sens rejoindre la maxime de Faust « Nous sommes accoutumés à ce que les hommes déprécient ce qu’ils ne peuvent comprendre, à ce que le bon et le beau, qui souvent leur sont nuisibles, les fassent murmurer » Goethe (1806 : 77), devenu aujourd’hui un proverbe « Les hommes déprécient ce qu’ils ne peuvent comprendre ».

Bien que souvent attribué à Boileau, il s’agit d’un vers cité par le personnage de Philinte dans la comédie Le Glorieux de Néricault-Destouches (1732 : III, 695), qui, au long des temps, est devenu un proverbe.

Le proverbe est formé au moyen de deux phrases attributives, courtes et simples, juxtaposées. Cette structure bimembre et parallèle forme un vers alexandrin, bien que dépourvu de rime et de figure rhétorique.

Les proverbes français et espagnol présentent une correspondance pleine, à la seule exception que les deux phrases de la formule espagnole sont coordonnées et non juxtaposées.

La reconnaissance de l’art est difficile, car elle est sujette à la subjectivité de l’autre et à d’autres facteurs externes. Nous devons donc éviter de critiquer à la légère, sans tenir compte des difficultés endurées. Au sens strict, le proverbe fait allusion à l’art, mais son interprétation peut s’étendre à l’ensemble des travaux que nous réalisons au jour le jour.

Le proverbe présente une structure rythmique binaire composée de deux phrases attributives simples et courtes, coordonnées. L’emploi des deux adjectifs antonymes équivalent « fácil » et « difícil » rend plus évidente l’opposition entre « crítica » et « arte », tout en permettant la création d’une rime, qui contribue à la mémorisation du proverbe.

Les deux proverbes galiciens ne présentent qu’une équivalence partielle, tant à niveau du sens, comme de la forme. En effet, on n’y fait plus allusion à l’art, interprétable au sens littéral ou figuré, mais du travail au sens strict, qu’on présuppose manuel et lourd, comme l’ensemble des travaux agricoles et de pêche, base de l’économie de la région.

Il faut tenir compte des difficultés et des souffrance endurées par autrui pour gagner son pain et ne pas juger durement le résultat de son travail.

Les deux variantes galiciennes sont formées para une phrase comparative « máis… que », de sorte à souligner l’opposition entre « criticar – realizar » et « falar – traballar », qui en outre permettent la création d’une rime, favorable à la mémorisation et transmission du proverbe. On pourrait également considérer une assonance en « a ». À noter la construction fossilisée de la deuxième variante dans « máis fácil é ».