Heureux le mari d’une bonne femme, car le nombre de ses années est doublé.

La femme, c’est le bonheur

Heureux le mari d’une bonne femme, car le nombre de ses années est doublé.

(Quitard, 1861: 5)

Cásate Juan, que las piedras se volverán pan.

(Rubio, 1937: 74)

Quen ten muller, ten o que ha mester.

Ce proverbe assure qu’en épousant une bonne femme, l’homme vivra si heureux qu’il pourra multiplier ses années de vie. Aussi, la femme garantit non seulement le bonheur, mais aussi la santé et donc la longévité.

On peut y voir une possible source biblique «Mulieris bonae beatus vir: numerus enim annorum illius duplex.» (Ecclésiaste: XXVI, 1)

La phrase est formée de deux propositions coordonnées, dont la deuxième sert d’explication ou justification à la première. Par sa position initiale, l’adjectif qualificatif est mis en relief et explique cette condition à travers le proverbe. On pourrait également percevoir une réminiscence aux Béatitudes de par ce début de phrase « Heureux… ». À voir aussi une construction sensiblement hyperbolique dans « le nombre de ses années est doublé ».

Ces proverbes ne présentent qu’une équivalence partielle, bien qu’ils transmettent la même idée selon laquelle la vie aux côtés d’une femme est meilleure. D’après le proverbe français, le mariage rend l’homme plus heureux et cette joie de vivre lui assure une plus longue existence, alors que d’après le proverbe espagnol, en se mariant l’homme verra disparaître les difficultés de l’existence. L’idée se transmet de manière imagée dans les deux cas et les deux sentences gardent une structure semblable, bimembre, où la deuxième partie justifie les propos de la première qui, en espagnol, acquièrent la forme d’une exhortation. À noter que dans le proverbe espagnol la présence d’une rime finale en –anfacilite sa mémorisation, alors qu’en français c’est la structure des Béatitudes qui serait à même d’avoir garanti sa transmission.

La femme trace la voie de l’homme et grâce à elle, à son entendement, sa sagesse, ses conseils ou son soutient, les cailloux du chemin se seront plus des cailloux dans les chaussures, mais des opportunités à saisir. On pourrait y voir une allusion au miracle de la multiplication des pains de Jésus.

Le proverbe est construit au moyen de deux propositions, dont la deuxième est une subordonnée causale qui vient justifier l’exhortation de la première. À noter que le verbe principal est au mode impératif et que l’emploi d’un prénom si commun dans la langue espagnole permet d’appliquer cette recommandation à tout un chacun. La  rime finale en –an  favorise la mémorisation.

Il s’agit à nouveau d’une équivalence partielle entre les trois proverbes. Il faut sous-entendre qu’en ayant «o que é mester », l’homme est «heureux » et que cette plénitude lui permet de vivre en harmonie, de sorte que « le nombre de ses années est doublé ». Les proverbes français et espagnol ont une plus grande expressivité que le galicien, ce qui pourrait aussi être mis en relation avec le caractère du peuple galicien, souvent jugé plus renfermé. L’influence chrétienne y est aussi plus explicite en français et en espagnol, où on constate l’emploi du mot « mari » et du verbe « cásate », de même que les allusions aux Béatitudes et au miracle de la multiplication des pains. Par conséquent, l’atteinte du bonheur semble conditionnée à l’union matrimoniale et, par extension, au respect des dogmes, qui établissent la conduite à suivre d’une « bonne femme ».

Vivre en compagnie d’une femme suffit au bonheur de l’homme.

Conformément à la structure proverbiale prototypique, le proverbe galicien se construit au moyen d’une phrase complexe ayant pour sujet une subordonnée relative. Le pronom relatif sujet « quen », au caractère indéfini, a le sens de «quiconque ».