Je n’envie pas celui qui porte des beaux habits, j’envie celui qui a une mère pour lui faire son lit.

La femme, c’est l’amour

Je n’envie pas celui qui porte de beaux habits, j’envie celui qui a une mère pour lui faire son lit.

(Belamri, 1986 : 38)

Quien tiene madre, muérasele tarde.

Ao que ten nai non hai que chorar.

Il s’agit d’un proverbe métaphorique, qui transmet son message de manière imagée. Ainsi, « beaux habits » sous-entend une bonne position sociale et la possession de richesses, face à « faire son lit » qui fait allusion à l’ensemble des soins d’une mère envers ses enfants et qui symbolise d’une manière plus large sa préoccupation pour leur bien-être. Bien que le proverbe offre une vision traditionnelle de la femme en tant que mère au foyer, il n’empêche que cette vision soit extrêmement positive dans la représentation qu’il en fait en tant que figure représentative de l’amour et du dévouement à autrui.

Proverbe originaire de l’Algérie, un pays francophone qui maintient des liens très étroits avec la France, dont il fut la plus ancienne colonie et qui compte avec un important échange de population, avec près de 50.000 citoyens français en Algérie et plus de quatre millions d’algériens en France.

Le proverbe présente une structure bimembre formée de deux propositions juxtaposées et dont la deuxième est l’explication de la première. Il se produit un parallélisme total entre les deux constructions grâce à l’anaphore « je n’envie pas celui qui… » – « j’envie celui qui… », à l’exception que la première partie est négative, alors que la deuxième est positive, de sorte que la juxtaposition a un caractère adversatif ou d’opposition. De même, le contraste entre les métaphores « beaux habits », qui fait allusion à la richesse, voire au luxe, et « faire le lit », qui renvoie à l’humilité et à la vie quotidienne, permet de renforcer le message du proverbe et de le doter d’une plus grande expressivité. À noter finalement que même si la déclaration se fait à la première personne du singulier, « je », la valeur exemplaire et moralisatrice du proverbe est de portée générale.

Le proverbe espagnol n’est que partiellement équivalent au français et ce sur le sens. En effet, ils transmettent tous deux que la figure maternelle et, par extension, l’amour dont elle fait preuve envers les siens, est ce qu’il y a de plus important dans l’existence, bien plus que les richesses auxquelles fait allusion le proverbe français. C’est pourquoi nous avons besoin de compter sur cet amour inconditionnel bien au-delà de notre enfance et durant le plus longtemps possible.

Le proverbe acquière la forme d’une bénédiction, en souhaitant une longue vie à toutes les mères pour que nous puissions compter sur leur soutien inépuisable.

Nous sommes à nouveau en présence d’une structure prototypique de phrase complexe ayant pour sujet une subordonnée relative. À noter que le verbe principal est au mode impératif et la quasi rime en –adreet –arde.

Même si les trois proverbes conviennent de l’importance de la figure maternelle dans la vie de toutes les personnes, les modes d’expression sont très différents. Alors que le proverbe français a recours à une métaphore pour soutenir que l’amour maternel vaut mieux que toutes les richesses du monde, le proverbe espagnol nous souhaite pouvoir jouir de sa présence le plus longtemps possible, et le proverbe galicien nous assure que son soutien nous permettra de surmonter n’importe quelle épreuve.

Le proverbe met en relief l’importance de la figure maternelle, dont le soutien est suffisant pour faire face à toutes les circonstances négatives de la vie.

Le proverbe galicien transmet une idée catégorique grâce à l’utilisation de la structure impersonnelle « hai que », qu’il place au cœur d’une proposition principale à la forme négative. La mise en avant du complément d’objet à travers une subordonnée relative permet de porter sur lui toute l’attention du proverbe. À noter qu’il n’existe aucune rime entre les deux composants de la phrase.