Qui lui a pris son père n’a rien pris, qui lui a pris sa mère n’a rien laissé.

La femme, c’est l’amour

Qui lui a pris son père n’a rien pris, qui lui a pris sa mère n’a rien laissé.

(Belamri, 1986 : 39)

 

Muerte del padre casa no deshace, pero sí la muerte de la madre.

Morte de pai, casa non desfai, pero si morte de nai.

Madre muerta, casa deshecha.

Le proverbe se présente sous une forme abstraite, dès lors qu’il fait référence à l’élément sapientiel. Il manque de références matérielles renvoyant au foyer au profit des émotions. À souligner que l’influence paternelle y est tout à fait dépréciée, car elle y réduite au néant, à « rien ».

Le proverbe est d’origine algérienne.

Nous avons une structure bimembre composée par deux propositions juxtaposées, à valeur d’opposition. Les deux séquences présentent la même organisation syntaxique, avec l’anaphore « qui lui as pris ». L’antithèse se produit moyennant la substitution de « son père » par « sa mère » et « n’a rien pris » par « n’a rien laissé ». De même, le recours à l’hyperbole permet de renforcer l’expression.

Le premier des proverbes espagnol présente une équivalence partielle sur le fond et sur la forme, tandis que le deuxième ne le fait que sur le sens. En effet, la variante a) transmet l’idée que la mort de la mère a des conséquences dévastatrices au sein de la famille, ce qui n’est pas le cas pour la mort du père, alors que la variante b) omet cette deuxième partie et se limite à déplorer les effets ravageurs qui suivent le décès de la femme.

Les deux proverbes transmettent l’idée que la mort de la mère entraîne la destruction du foyer, en tant qu’unité familiale. Le premier proverbe rajoute, vis-à-vis du deuxième, que tel n’est pas le cas pour la mort du père.

Le premier proverbe présente une structure bimembre et thématise le sujet de la mort, « muerte del padre » – « muerte de la madre », qu’il place au début de chacune des propositions, reliées entre elles par le coordonnant adversatif « pero ». Les deux parties sont mises en parallèle, malgré le fait que « casa no deshace » soit remplacé par l’averbe « sí » à valeur contrastive dans la deuxième partie. Les deux proverbes font usage de la même métaphore « deshacer casa » pour transmettre l’idée de destruction de l’unité familiale. Quant à la variante b), elle apparaît comme un résumé de la variante a), dont elle n’exprime que l’information significative exprimée dans la deuxième partie. Sa brièveté, ainsi que la présence de la rime en –aen garantissent une meilleure mémorisation et conséquente transmission.

Nous avons une équivalence partielle, tant sur le fond que sur la forme, entre ce proverbe galicien, le proverbe français et le premier proverbe espagnol. En effet, ces deux derniers font explicitement allusion à la mort, alors que le proverbe français le fait de manière plus voilée à travers le verbe « prendre », qui doit être interprété dans ce sens. De même, en attribuant le rôle principal du foyer à la femme, on priorise le besoin de compter sur le soutien de la mère, vis-à-vis du père. À noter dans ce sens que le proverbe français est dépourvu des connotations matérielles de « casa », pour privilégier les sentiments.

Le proverbe met en évidence que le décès de la femme au sein de l’unité familiale entraîne un cataclysme dans le foyer, car elle y joue un rôle essentiel quant à l’organisation, la garde des enfants, le soin des parents, le maintien de l’harmonie entre les membres de la famille etc.

Ce proverbe présente une structure légèrement différente et se centre sur l’événement de la mort « morte de pai » – « morte de nai », à travers sa thématisation.  L’organisation syntaxique se réalise au moyen d’une coordination adversative. Dans ce cas, la mise en parallèle des deux propositions est sous-entendue, étant donné que dans la deuxième partie on y omet « desfai casa », en le remplaçant par l’adverbe « si ». On constate également l’emploi de la métaphore « desfacer unha casa » qui fait allusion à « détruire une famille, en la laissant sans guide, sans protection, sans soutien. Finalement, l’absence de déterminants dans les propositions nominales insuffle une plus grande expressivité aux concepts impliqués. À noter aussi la présence d’une rime en –aj.