La femme, c’est la sagesse
La barbe dit le jour ce que la natte dit la nuit.
La mujer que calla de día por la noche manda.
O consello da muller é pouco, mais o que non o sigue é un louco.
La barbe représente l’homme, alors que la tresse ou la natte font allusion à la femme qui durant très longtemps, et même encore aujourd’hui dans certaines sociétés ou cercles sociaux, ne put s’exprimer librement qu’en privé, lorsqu’elle est seule avec son mari, ce qui ne se produit que le soir, quand il rentre à la maison. À ce moment, la femme peut faire part de son avis, son opinion et ses conseils, dont la pertinence pousse le mari à les adopter généralement dès le lendemain. Il est intéressant de constater comment un proverbe, attesté depuis le XVIème siècle, témoigne de la participation indirecte des femmes dans les prises de décision, alors même qu’on leur refusait n’importe quelle intervention qui fut socialement visible.
Les deux variantes remontent au XVIème siècle.
Les deux proverbes renferment les métonymies « barbe – homme » et « natte / tresse – femme ». La seule différence syntaxique entre les deux variantes se produit dans le premier proverbe où le complément d’objet direct renferme une subordonnée relative en fonction de sujet, ce qui ne se produit pas dans le deuxième proverbe.
Il n’y a pas d’équivalence dans l’expression, bien que l’idée transmise est la même. En effet, la femme, qui se doit d’avoir une personnalité effacée en public, fait part de ses suggestions en privé, la nuit venue. On peut présupposer la pertinence de ses conseils, qui seront donc suivis par le mari, donnant ainsi l’impression que c’est elle qui « manda ».
La société impose à la femme un rôle secondaire en public, qui l’empêche de montrer sa value. Malgré tout elle intervient indirectement dans les prises de décision de son mari, qui reconnaît ainsi l’adéquation de ses conseils.
Le sujet de la phrase renferme une subordonnée relative, qui permet la formation d’une structure paralléliste avec un jeux d’opposition « calla » et « día » face à « noche » et « manda ».
Ce proverbe galicien n’a ici qu’une équivalence partielle, car outre la structure, on y perd aussi l’idée que les conseils de la femme sont transmis en catimini, dans l’intimité du foyer, pour maintenir le rôle secondaire, auquel l’oblige la société. Malgré tout, le proverbe reconnaît leur juste valeur, tâchant d’insensés à ceux qui ne les suivent pas.
Le proverbe proclame la haute valeur des conseils féminins et déclare fous ceux qui s’en méprennent.
Le proverbe se construit sur la base de deux propositions coordonnées par une conjonction adversative. Le sujet de la deuxième proposition est une subordonnée relative. On constate également la présence d’une rime consonantique entre « pouco » et « louco » qui participe de la mémorisation du proverbe dans l’esprit des locuteurs.